En entrant dans le monde le Christ dit : Tu n’as voulu ni sacrifice ni holocauste, mais tu m’as donné un corps. Holocaustes et sacrifices pour les péchés ne t’ont pas plu. Alors j’ai dit : Me voici, car c’est bien de moi qu’il est écrit dans le rouleau du livre : je suis venu Ô Dieu pour faire ta volonté.
(Hé 10 5-7 qui cite le Ps 40, 7-9 (gr.)
Humblement nous te demandons qu’en ayant part au corps et au sang du Christ nous soyons rassemblés par l’Esprit Saint en un seul corps.
Prière eucharistique n°II
Résumé
Alors que l’exhortation Verbum Domini préconise une « Animation biblique de toute la pastorale » et que la Bible est censée avoir retrouvé en quelques décennies une place capitale dans la liturgie, la catéchèse, la préparation et la célébration des sacrements et sacramentaux, et tout autre aspect de la vie en Église, nous manquons d’outils pastoraux favorisant un réel contact avec le texte et susceptibles d’accompagner les agents pastoraux et les personnes impliquées dans un acte de lecture. La quasi totalité de ceux dont on dispose (parcours catéchétiques, fiches liturgiques, fascicules de préparation aux sacrements de baptême et de mariage, aux célébrations d’obsèques, etc) manquent de vigilance sur des points élémentaires du rapport au texte (traduction, clôture, présentation, commentaires et suggestions d’animation). Cependant ici et là des initiatives sont prises qui mériteraient d’être mises en commun, critiquées et pourquoi pas, d’aboutir à des éditions.
Sommaire
Un constat : manque d’outils pastoraux favorisant un acte de lecture en pastorale.
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Un fossé entre lecture en groupe et lecture en pastorale
Pour nombre d’entre les participants à ce colloque le goût de lire s’est singulièrement affiné dès que nous avons appris à considérer le texte biblique comme un ensemble signifiant, à l’observer de près, à nous laisser déconcerter par ses détails, puis déloger, non sans résistances, de nos propres représentations. Cela s’est opéré d’abord dans le cadre de groupes de lecture biblique. Et nous avons pu expérimenter que nous étions ainsi disposés à entendre murmurer comme une voix que l’on reconnaît et qui appelle à sortir de l’esclavage, à s’ouvrir à l’Autre, à naître. Mais, par contraste, grande est la frustration de constater que, dans le quotidien de la vie de l’Église – dont on peut se réjouir qu’elle accorde de plus en plus d’importance à la Bible – les conditions d’une vraie lecture sont exceptionnellement au rendez-vous. Rares en effet sont les lieux où l’on prend les précautions minimales qui s’imposent : respect du texte intégral, attention à sa clôture, justesse de la traduction, vigilance à l’égard de toute instrumentalisation à des fins idéologiques, moralisatrices, psychologisantes ou de mainmise sur le savoir. L’acte de lecture serait-il réservé aux seuls groupes de lecture plus avertis de ces dérives ? Pour qui se trouve, si peu que ce soit, engagé en pastorale ordinaire (paroissiale entre autres), la question est permanente, lancinante.
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Le champ de la lecture biblique en pastorale : une expérience d’écartèlement.
Pour éviter d’ignorer certains conditionnements de la lecture il conviendrait d’explorer quelque peu le champ de la lecture biblique en pastorale. J’entends par là les acteurs concernés et le système de relations qui se tisse entre eux, du fait des offres et des demandes religieuses, des institutions et services qui président à leur définition et à leur satisfaction. Je ne fais que le survoler ici en indiquant quelques grands traits.
Émanant des instances dirigeantes de l’Église, des documents officiels donnent des orientations pastorales2. Parmi ces documents les rituels présentent des choix de textes bibliques (lectionnaires), un cadre précis pour la célébration des sacrements, ainsi que des notes pastorales (probablement insuffisamment explorées) articulant relation au texte, aux rites et aux personnes. Pour les lectionnaires, la francophonie bénéficie d’une traduction liturgique officielle de la Bible (texte intégral) révisée tout récemment3. Les conférences épiscopales et diocèses élaborent des directives pastorales. Des services nationaux ou diocésains élaborent sur ces bases des parcours, avec le concours de spécialistes (théologiens, biblistes, pédagogues). Ainsi sont offerts des textes, distribués en corpus particuliers selon les situations pastorales (liturgie dominicale et de semaine, catéchèse, baptême, mariage, obsèques,…), mais aussi à l’initiative de divers services et mouvements d’Église. Des maisons d’édition publient des outils pastoraux, diffusés auprès des agents pastoraux qui choisissent et diffusent à leur tour les documents retenus auprès des demandeurs de catéchèse, de liturgie, de préparation et célébration de sacrements et sacramentaux (baptême, mariage, obsèques, notamment).
Il serait trop simple de considérer que ce mouvement descend linéairement de haut en bas imposant des choix simples et univoques issus de la hiérarchie de l’Église. Le champ est en effet traversé de part en part par les demandes diversifiées de personnes et groupes qui sollicitent l’Église et par les choix pastoraux de ceux qui les prennent en compte et leur répondent. Ainsi peut-on observer des options variées qui marquent les orientations des outils pastoraux, plus ou moins en concurrence sinon en lutte, reflétant différents courants de pensée dans l’Église. Ceci dit sans oublier les intérêts marchands liés à la production-vente des documents. Textes, rites, relations entre personnes sont tiraillés, écartelés parfois au cœur d’un champ de transactions et de conflits, où se joue la tension entre d’une part l’appartenance au monde de chacun avec ses intérêts, ses peurs, ses habitudes, ses représentations et d’autre part l’appel à se laisser rassembler comme membres d’un même corps en Christ. Il suffit de penser aux empoignades récurrentes au cours de l’histoire de l’Église autour des rites et en particulier de l’eucharistie pour le vérifier. Le « bricolage » du texte biblique dans ce conflit n’est pas apparent à première vue, car il se fonde sur un ensemble de choix parmi les livres de la Bible, de découpages et de présentations dont la logique échappe le plus souvent à la conscience de leurs auteurs qui n’y voient que pédagogie. Pourtant ce bricolage a pour effet de sembler honorer l’autorité de la Bible alors même qu’il permet de légitimer l’idéologie ou de flatter l’imaginaire des auteurs. Or le travail de la Parole est précisément de déloger l’homme de l’esclavage de ses besoins et intérêts et de l’ouvrir au désir d’un Autre, à la relation avec les autres. Si le texte biblique qui en témoigne est expurgé des anomalies et autres butées à nos idéologies et imaginaires, comment sa lecture pourrait-elle être le lieu où se laisse entendre la voix qui libère ? Il appartient à ceux que la pratique de la lecture a rendus vigilants à de tels détournements et éveillés à de telles chances d’éveiller à leur tour l’attention des responsables à tous les niveaux et de favoriser des conditions d’un meilleur rapport au texte et d’une lecture plus respectueuse.
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L’enjeu des outils pastoraux
Au bout de la chaîne, les ‘outils pastoraux’, à l’usage des agents pastoraux et de ceux qui adressent leurs demandes à l’Église, occupent une place stratégique. Ce sont des manuels de catéchèse, des fiches liturgiques, des fascicules offerts aux parents demandant le baptême de leurs petits enfants, aux couples préparant leur mariage, aux parents accompagnant leurs défunts dans la célébration des obsèques, etc. En effet, mis entre leurs mains, ils contribuent à construire une relation entre demandeurs, accompagnateurs, texte, rites, et cet Autre qui parle, pense-t-on dans la foi, et dont la Parole sauve. Tout cela se joue pour une part dans le cadre de parcours diversifiés. Or la quasi-totalité des outils pastoraux dont on dispose manquent de vigilance sur des points – que nous considérons désormais élémentaires – du rapport au texte :
- La traduction : elle est souvent approximative, parfois erronée.
- La clôture du texte : la décision de son commencement et de sa fin mais aussi la vérification de son intégralité et de son intégrité, la suppression (ou parfois l’ajout) de mots ou de versets obéissant à des logiques qui taillent dans la trame figurale du texte.
- La présentation et les commentaires : ils tendent à déposséder le lecteur, en lui indiquant ce qu’il a à comprendre ou à faire, plus qu’à favoriser sa propre lecture.
- Les suggestions d’animation (notamment en catéchèse et en divers mouvements ou services) : elles induisent souvent un sens ou un devoir faire qui instrumentalise le texte à leur service.
Un bon nombre d’agents pastoraux subodorant ces disfonctionnements, voudraient en tenir compte. Mais, faute d’outils cohérents avec ces observations et fondés sur un brin de théorie de la lecture ils « font avec » les documents liturgiques et catéchétiques présentés sur le marché en bricolant quelques adaptations. Cela prend du temps et de l’énergie. Et quand leur travail est un tant soit peu élaboré je crains qu’il ne reste (dans le meilleur des cas) dans les cartons de ses inventeurs. D’autant plus que le travail d’ajustement ne porte pas seulement sur l’accès au texte. Il engage d’autres relations sans lesquelles la lecture demeurerait un acte désincarné.
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Dans l’écartèlement, orienter la pastorale vers l’énigme du corps
Il nous faut maintenant reprendre cette question sous un angle un peu différent. Je pars pour cela d’une interpellation de Jean Calloud, peu après que m’ait été confiée la mission de curé en paroisse : « la pastorale paroissiale est-elle orientée vers l’énigme du corps ? »
La question ne portait pas sur la qualité « technique » de la lecture biblique en pastorale, mais sur la perspective du corps et du corps comme énigme ! J’ai entendu qu’il était impératif pour moi de cheminer avec cette question. Puis, au cœur de la prière eucharistique elle a ressurgi : «Humblement nous te demandons qu’en ayant part au corps et au sang du Christ nous soyons rassemblés par ton Esprit en un seul corps. J’ai fini par entendre qu’il n’est pas question de lire pour entendre une Parole sans perspective de ce corps promis. Or, dans le même temps ma paroisse vivait de rudes conflits, jusqu’à l’écartèlement. Une unité imaginaire s’effondrait. Il a bien fallu constater que l’unité désirée dans la prière était loin d’être acquise, et elle se fit ardemment désirer. Par ailleurs, en tout entretien pastoral individuel, où l’écoute est primordiale, je ne cessais de percevoir la soif d’une rencontre vraie qui s’exprime (non sans douleur) dans la chair de tout frère humain, se disant croyant ou non. Sur cette soif, la lecture du texte biblique permet de mettre des mots, comme en témoignent souvent les couples venant préparer leur mariage.
Comment dès lors lire la Bible sans se tenir à l’écoute de la Parole, accueillant au sacrement, attentif aux relations qui se tissent entre frères humains, au cœur même de leurs conflits ? Nous retrouvons la tri-polarité traditionnelle de la vie ecclésiale : la parole, l’eucharistie, le frère, exprimée dans les Actes des Apôtres, au fondement de l’Église.
Or dans cette tri-polarité c’est la lecture, constamment reprise, qui permet de discerner où l’on en est, déplaçant le lecteur de sa tendance imaginaire à concevoir :
- la relation à la parole comme réserve de sens pour assouvir sa soif, quitte à revenir de façon compulsive à la Bible ou à quelque catéchèse sans trouver de repos.
- la relation au frère comme à l’autre à saisir pour s’en combler, quitte à passer d’un autre à un autre sans jamais s’établir dans une alliance stable.
- la relation à Dieu en tel ou tel lieu de culte, quitte à s’affronter entre religieux, au lieu même de la promesse d’unité.
On aura reconnu ce qui se dessine dans la rencontre de Jésus et de la Samaritaine. On y apprend que l’humain n’est pas abandonné à sa tendance compulsive à puiser de l’eau au puits, à consommer de la religion en tel ou tel lieu de culte, à chercher l’âme sœur à la ville, sans trouver satisfaction. Là où les humains tentent d’assouvir leurs besoins et butent sur leurs limites, cherchent à préserver leurs intérêts et se font la guerre, Jésus vient réveiller leur désir, en commençant par exprimer le sien. Se posant comme source, il établit enfin l’Alliance avec la femme, puis avec la population de Samarie (méprisée des Juifs), avant de l’offrir à la multitude, par son sang versé.
En pastorale les agents pastoraux, laïcs, diacres et prêtres, se tiennent à un lieu de parole où Jésus vient à la rencontre d’êtres assoiffés de ce qu’ils ne connaissent pas encore. Tels les disciples, il leur arrive de s’activer à des besognes alimentaires considérées indispensables, cependant que le Seigneur, lui, conduit les assoiffés vers ce et Celui dont ils ont soif ! Si l’Évangile de la Samaritaine parvient jusqu’à nous, c’est sans doute pour que nous ayons assez d’humour pour reconnaître que les choses décisives en pastorale se passent à notre insu, bien que nous ayons à en être des serviteurs avisés. C’est plus encore pour que l’on jubile en étant témoin de la moisson résultant de la rencontre inédite entre le Seigneur et les personnes. La question est alors de ne pas revenir sans cesse à des puits là où une source est apparue, ni à l’exaltation d’un lieu de culte particulier là où l’on a fait l’expérience d’un culte en esprit et vérité, ou encore à des relations possessives, là où est venu entre nous, en commun mais non comme objet de possession, le Christ, dont on apprendra plus loin dans l’Évangile, que c’est crucifié qu’il nous sauve.
Il résulte du parcours ébauché ici un renouvellement de l’acte de foi qui touche autant :
- la capacité des personnes à entendre la parole et à en vivre,
- la capacité du texte à livrer, dans la lecture, quelque chose de la parole à qui en a soif,
- la capacité des rites à tisser entre nous les articulations de ce corps promis, et des rituels à nous conduire sur ce chemin.
Tout cela se jouant non pas dans un « ailleurs » de nos conflits – interpersonnels, de groupes ou intérieurs, mais au lieu même où nous désirons l’issue.
L’écoute des personnes est du même ordre que celle de la parole dans les textes : il nous est donné de ne pas nous laisser piéger dans les représentations provisoires que chacun véhicule mais d’entendre dans les failles de son discours des éléments de chaîne signifiante d’un corps en gestation. La lecture des textes nous apprend à reconnaître ces chemins. L’écoute des personnes permet de reconnaître l’œuvre d’un Autre dans des corps. La liturgie nous apprend à en rendre grâce et à le recevoir, en tissant des liens en Jésus, avec le Père et entre nous. L’homélie est à l’articulation des trois.
Au-delà de l’activité ou de la morosité du monde, au-delà des bruits et des slogans, des gens témoignent, au fil des entretiens, d’une série de rencontres, d’expériences, de paroles émaillant leur vie, qui les touchent et forment comme une chaine qui ne dépend pas du fonctionnement du monde. La mise en regard avec les textes bibliques dans la lecture suggère que s’ébauche pour eux la chaine signifiante d’un corps en gestation. La lecture biblique leur donne les mots pour en percevoir des éléments. La familiarité de celles et ceux qui les écoutent avec la Parole aiguise leur discernement et permet de leur restituer ce qu’ils ont dit sans toujours en percevoir l’importance. Ils découvrent au lieu de la parole une source là où ils pouvaient être tentés de chercher un réservoir de valeurs.
Une proposition : partager les expériences
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Une stimulation réciproque
Le désir existe de partager les expériences de pratiques pastorales diverses inspirées d’une lecture biblique attentive au texte. Le dialogue avec Anne Fortin par-delà les océans et par articles interposés en témoigne ainsi que la visite d’une animatrice de catéchèse québécoise de passage en Gironde. Dans le diocèse de Bordeaux l’on sent des frémissements et opportunités, et le colloque lyonnais confirme cet intérêt partagé. Tout cela m’a stimulé et poussé à faire cette proposition. Devant la pénurie de documents adaptés aux attentes nées d’une lecture renouvelée, il est grand temps de mutualiser les efforts, sans attendre que les tentatives soient exemplaires.
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Quelques éléments de base pour la création d’outils pastoraux
Cette création passe par la collaboration entre agents pastoraux (ils sont les premiers à repérer les carences des outils les plus courants), praticiens et théoriciens de la lecture (ils aident à critiquer les outils et à en élaborer des propositions nouvelles favorisant la lecture), mais aussi d’hébraïsants et hellénistes (ils renouvellent l’accès au texte inspiré). Sur ce dernier point il faut des personnes compétentes non seulement en langue hébraïque et grecque, mais aussi familières de l’observation des figures, capables d’élaborer des traductions pertinentes des textes, notamment sur les points où la carence de la traduction ou de la clôture sont les plus criantes4. Leur travail peut se réaliser en deux temps :
- donner une traduction plus proche de l’originale et respectueuse des figures, ce qui amène parfois à suggérer une clôture différente du texte et à restituer des versets manquant. Ce premier travail sert d’abord aux agents pastoraux qui se garderont de saturer les lecteurs de leurs connaissances, mais sauront en tirer parti pour éveiller l’attention sur tel ou tel point en cours de lecture.
- suggérer à partir de là un petit nombre de notes additives au texte du lectionnaire permettant aux usagers une meilleure approche du texte.
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Un outil pour la pastorale du baptême des petits enfants.
J’accompagne cette proposition de la brève présentation d’un outil élaboré, utilisé et modifié au fur et à mesure de son expérimentation. Il a été conçu en collaboration avec des laïcs, dans les paroisses où je fus et dans laquelle je suis en responsabilité.
Sa conception s’inspire des éléments de réflexion précédents. Il s’agit donc certes de faciliter un meilleur rapport au texte biblique (présentation, clôture, traduction, invitation à la lecture), mais en prenant en compte les trois dimensions articulées de la pastorale : parole, sacrement, frère. Ainsi la lecture est-elle située dans un ensemble de pratiques articulées et cohérentes, visant à accueillir la parole qui nous appelle à être membre du corps du Christ, corps promis qui demeure hors représentation (énigme), objet de la promesse du Seigneur et de notre désir.
Il comporte un protocole d’accompagnement, un fascicule destiné aux parents qui font baptiser leurs petits enfants, et un document complémentaire pour les animateurs. Voici le cahier des charges de chacun de ces trois documents.
- Le protocole d’accompagnement :
En accueillant les parents ressortissant de nos paroisses qui demandent le baptême de leurs petits enfants, nous leur donnons l’occasion :
- d’être accueillis et entendus, avec un a priori favorable à leur démarche. Nous ne leur demandons pas de faire la preuve de la foi qu’ils demandent par le baptême. Nous accueillons leurs questions et considérons leur expérience de parents comme le lieu même de l’Heureuse Annonce,
- d’exprimer quelque chose de leur expérience d’attente et d’accueil de leur enfant, notamment dans l’ordre de la parole,
- de lire le texte biblique (en faisant confiance à leur intuition pour leur choix en vue de la célébration) pas seulement en famille mais avec d’autres parents,
- de préparer la célébration du baptême, en nous gardant d’expliquer les rites, mais en mettant les gestes en rapport avec les textes bibliques dont ils sont inspirés,
- de rencontrer l’assemblée eucharistique dominicale, d’où viennent les personnes, laïcs et prêtres qui les accompagnent et qui prend sa joie à les recevoir comme ses membres à part entière,
- de célébrer le sacrement de baptême,
- de pouvoir garder contact avec l’assemblée.
Nous veillons à ce que ces moments et les opérations qu’ils engagent soient articulés mais non confondus. La lecture biblique, comme lieu privilégié d’écoute de la Parole, demeure ce qui éclaire l’ensemble du parcours et nécessite un soin particulier.
L’accueil, la préparation, la célébration et la suite, s’appuieront sur le fascicule distribué aux parents dès l’inscription de leur enfant. Pour les accompagnateurs est prévu un guide complémentaire.
- Le fascicule à destination des parents :
Il comprend :
- la présentation de leurs églises locales (de pierre) et leur Église (de chair) locale,
- l’évocation de leur démarche, non suspectée mais accueillie avec un a priori favorable
- la présentation du texte biblique (développée),
- l’invitation à la lecture,
- les textes du corpus dans la traduction liturgique (vulgate),
- la restitution (en italique) de versets manquants (précédant ou suivant le texte, ou encore soustraits au texte),
- des notes marginales destinées à favoriser la lecture (précision de terme, de temps, etc.),
- la présentation de la liturgie du baptême (évitant d’expliquer les rites).
- Le complément à destination des accompagnateurs :
Il comprend :
- le protocole d’accueil, cité plus haut
- une procédure de formation locale basée sur le trépied :
- parole (lecture de l’un des textes bibliques du lectionnaire),
- sacrement (lecture du rituel et des notes pastorales),
- frère (évocation de situations rencontrées),
- des fiches sur chacun des textes bibliques du lectionnaire du baptême, comportant des notes et/ou traductions plus élaborées des textes, effectuées par des hellénistes et hébraïsants. Ces notes sont susceptibles de les aider dans leur propre lecture des textes (seuls ou en groupes d’accompagnateurs) et dans l’animation de rencontres avec les parents.
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Encourager, communiquer les expériences ; discerner et poursuivre.
- Quelles expériences ?
Nombreuses sont les créations élaborées dans le souci de favoriser un vrai rapport au texte biblique et orientées vers l’énigme du corps. Elles méritent d’être encouragées, mises en commun, fussent-elles limitées à un temps fort de catéchèse, un moment du cycle liturgique, un parcours de préparation au mariage (ou plus simplement un scénario de lecture avec des fiancés ou parents de baptême), un week-end avec des confirmands, une rencontre de catéchumènes. La création de fascicules pour la préparation des baptêmes, mariages, obsèques me paraît particulièrement désirable et urgente.
- Quelle logistique ?
Elle reste à mettre en place. Pour bien faire, un tel échange d’expériences et de documents supposerait un secrétariat pour recevoir et redistribuer les documents, une instance de réflexion permettant de s’aider à en repérer les limites et à en apprécier les chances. D’ores et déjà les facilités qu’offre internet permettent de transmettre sous forme de fichiers informatiques des récits d’expériences pastorales engageant la lecture et/ou les documents qui en témoignent. Une logistique plus élaborée reste à créer. Sa mise en place dépend des possibilités et suggestions de chacun.
J’envoie cette proposition comme on lance une bouteille à la mer.
1. Une première présentation de ce texte fut donnée à Lyon le 24 juin 2013, lors du Colloque du CADIR : Comment lis-tu ?
2. Après la constitution du Concile Vatican II Dei Verbum, l’exhortation du Pape Benoît XVI Verbum Domini, abordée à plusieurs reprises dans la revue Sémiotique et Bible en est un exemple au plus haut niveau.
3. Élaborée par la Commission Épiscopale Francophone pour les Traductions Liturgiques, approuvée par les évêques des Conférences Épiscopales de différents pays et aires francophones et officialisée par un décret de la Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements en date du 12 juin 2013 (quelques jours après le colloque lyonnais où fut présentée cette contribution), elle est diffusée depuis novembre 2013.
4. La toute récente traduction liturgique pour la francophonie, n’échappe pas à des approximations de traduction dont l’effet pastoral peut être néfaste. Ainsi, en Mt 19, 6 et Mc 10,9, à propos de l’homme et de la femme nous lisons : ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas. Or le verbe grec n’est pas unir mais conjuguer (mettre sous le même joug) – d’où l’expression vie conjugale. La figure de la conjugalité introduit un tiers qui conduit. Jésus fait ainsi sortir d’une conception imaginaire de l’unité dans laquelle bien des couples seraient tentés de se complaire, pour ouvrir l’homme et la femme à une unité qui se nourrit de la différence entre homme, femme… et Dieu.